Le salamu di sumeru, rare et rustique, porte en lui l’âme indomptable de la Corse intérieure.
Il faut monter haut, bien au-delà des plages et des chants touristiques, là où les sentiers se perdent dans les herbes hautes et les roches chaudes. Là-haut, dans le silence épais des montagnes corses, l’odeur du bois sec et du romarin s’attarde. Et parfois, dans l’ombre fraîche d’une cave, on découvre un trésor rare : le saucisson d’âne, noir et nerveux comme la terre qui l’a vu naître.
Un goût né d’un peuple rude, libre, et fier
La Corse ne donne rien sans effort. Elle se mérite. Et son saucisson d’âne en est l’image parfaite : discret, difficile à trouver, souvent confondu avec d’autres. Mais celui qui le goûte sans le trahir comprend. C’est un mets d’autrefois, né du respect de l’animal et de la terre. Jadis compagnon des labours et des sentiers, l’âne, en fin de vie, offrait sa chair aux familles. Rien ne se perdait. Tout se transmettait.
Dans la pâte dense du salamu di sumeru, il y a la mémoire d’un peuple. Sa viande, maigre, est liée à celle du porc. On y ajoute les parfums du maquis : thym, myrte, immortelle. Et le temps fait le reste.
Le salamu, entre ciel, roche et fumée
Suspendu aux poutres des maisons de granit ou séché à l’air libre, le saucisson d’âne se forge lentement, caressé par le vent et la fumée. Peu de mains savent encore le faire. Il faut connaître les cycles de la lune, la sécheresse du bois, la patience des jours.
Ce n’est pas un produit d’étal. C’est une confidence. Il se murmure entre deux tranches, à qui sait écouter.
Le compagnon des tables vraies
On ne le croque pas entre deux bouchées distraites. On le coupe fin, presque en silence. Son goût est rude, sauvage, sans artifice. Avec un vin rouge corse — un Patrimonio ou un Sciaccarellu — il s’ouvre enfin, dévoile ses notes fumées, presque boisées, et cette profondeur charnelle qu’aucun autre saucisson n’imite.
Il ne cherche pas à plaire à tous. Il cherche la vérité.
Un fragment d’île, offert à ceux qui n’en ont pas peur
Offrir un saucisson d’âne, c’est offrir un morceau de montagne, une part de silence, un bout d’histoire. C’est dire : je vous confie un secret. Un goût oublié, sauvage, obstiné. Comme la Corse.
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